Cour d’assises de l’Indre
Au terme de deux jours d’un procès éprouvant, Hervé Dion, 43 ans, a été reconnu coupable du meurtre de Claudine Jubert-Desrues, ce mardi 26 avril, en fin d’après-midi. Il a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle et à dix ans d’un suivi socio-judiciaire. Une peine conforme aux réquisitions de l’avocate générale, Marie-Christine Tarrare, qui en fin de matinée avait évoqué " la barbarie d’un homme ordinaire »". Le terme «" barbarie " renvoyant à des actes répétés provoquant le décès – en mai 2014 – de cette sexagénaire, responsable d’un salon de relaxation, rue Pierre-Gaultier à Châteauroux.
La future victime avait refusé toute " prestation ", car celui qui allait devenir son meurtrier n’avait qu’une trentaine d’euros sur lui. Une frustration sexuelle insupportable pour cet homme souvent présenté par ses proches comme " tranquille " et qui allait soudainement se transformer en un véritable «" monstre ". Pour arriver à ses fins, " il allait d’abord bousculer sa victime, la précipiter au sol, puis lui recouvrir le visage avec un coussin ". Il lui retirait juste à temps et lui demandait un rapport buccal. " Ce qu’elle refusait ." Il lui reposait alors le coussin sur le visage, " puis, lui mettait le flexible de la douche autour du cou ", avant de saisir un buste égyptien se trouvant sur un meuble et de la frapper une dizaine de fois au visage et au crâne.
" Il ne s’agissait nullement de gestes réflexes, devait insister l’avocate générale, mais bien d’une volonté de tuer. " Quant à l’altération du discernement de l’accusé évoquée par des experts, " ce n’est nullement une excuse ".
" Une femme courageuse et toujours souriante "
Juste avant ces réquisitions, Mes Delphine DEBORD-GUY et Gwendoline HERIVEAUX, conseils de la fille, du petit-fils et du mari de la victime, allaient trouver les mots justes pour qualifier " la souffrance extrême de ceux qui restent " et le parcours difficile " d’une femme courageuse et toujours souriante, malgré les difficultés de sa vie ". Elle avait dû, notamment, élever seule sa fille.
Puis, évoquant le jour effroyable du drame, " elle a vu venir sa mort, même si elle a tout fait pour s’en sortir ". Un ultime combat qu’elle allait perdre, face à " l’acharnement d’un homme mué par une rage narcissique. Il frappe, frappe... le sang jaillit et il s’arrête lorsque le corps ne bouge plus. " L’horreur pour une femme «" qui avait le droit d’avoir un avenir ".
" Un meurtrier, mais pas un monstre "
Sur le banc de la défense, Me Pascaline COURTHES a eu " la lourde tâche " de défendre un meurtrier " mais pas un monstre", devait-elle insister. " Un homme qui n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie. Après la mort de son père, lorsqu’il a trois ans ; il doit vivre avec une mère alcoolique. Il parvient malgré tout à travailler à la mairie de Châteauroux ; est licencié pour ses retards continuels, puis sombre dans la dépression et l’alcool. Il perd totalement pied, n’arrive plus à maîtriser ses pulsions, notamment sexuelles. "
Une " fragilité " qui allait le conduire à commettre l’irréparable, ce 19 mai 2014, derrière les murs feutrés d’un salon de massage. Il a pris vingt ans.